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Mais ces miens vers, quand ils sont tels,
Me font des ennemis mortels.
D’ailleurs, ma rime n’est point bonne
Quand je n’égratigne personne.
Bref, mes vers, tant ici qu’aux champs,
Sont méchants s’ils ne sont méchants.
Voyez quelle est mon infortune !
Si je pique un peu, j’importune,
Et, lorsque je ne pique pas,
Mes vers sont froids et sans appas.
Mais que les fous ou que les sages
Fassent la nique à mes ouvrages,
Je mépriserai leur mépris,
Pourvu que ces petits écrits
Soient bien reçus de Votre Altesse…


D’autres se formalisaient de le voir traiter en style burlesque des affaires de l’État.


Princesse pour qui notre plume,
Durant le beau feu qui m’allume,
Fait toujours quelques vers nouveaux,
Approuvés de maints bons cerveaux,
Aucuns, pourtant, qui mes vers lisent,
Par-ci par-là se formalisent
Lorsque j’y parle en quelque lieu
Du Roi, de l’État et de Dieu ;
Ils allèguent que le burlesque,
Comme étant un style grotesque,
Ne doit point avoir pour objets
De grands et suprêmes sujets ;
Disent que je suis téméraire,
Et qu’au moins je me devrais taire
De Dieu, de l’État et du Roi,
Qui sont trop hauts sujets pour moi ;