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Nonobstant toutes leurs raisons,
De venir eux-mêmes en garde,
Portant mousquet ou hallebarde,
Et d’être chez leurs officiers
Aux mandements particuliers,
De suivre à beau pied, non sans lance[1],
Leur capitaine, et, s’il les tance,
Endurer la correction,

Et souffrir jusqu’au morion[2] ;

De venir, quand on les appelle,
En faction ou sentinelle,
Selon que veut le caporal,
Qui bien souvent est un brutal,
Toujours ignorant, parfois ivre ;
Mais, bien qu’il ne sache pas vivre,
Fît-il, en commandant, un rot,
Il faut suivre sans dire mot,
Et là prendre mainte roupie,
Si le caporal vous oublie,
S’il cause, s’il dort ou s’il boit,
Sans oser sortir de l’endroit
Où pour sentinelle il vous pose,
Tant qu’il boit, qu’il dort ou qu’il cause[3].

  1. Aller à beau pied sans lance, aller à pied, se disait particulièrement de celui qui était ruiné, qui n’avait plus le moyen de faire le fanfaron.
  2. Châtiment infligé aux soldats dans les corps de garde pour une faute légère. C’étaient quelques coups donnés sur les fesses avec la crosse du mousquet ou la hampe de la hallebarde.
  3. Ordonnance de messieurs les prévôt des marchands et échevins de la ville de Paris portant règlement général pour la garde ordinaire des portes de ladite ville et faubourgs de Paris, et autres expéditions qui seront commandées pour le service du roi et la conservation de ladite ville. Du quatorzième février 1649.

    On lit sur le même sujet dans le Journal politique de la guerre parisienne  :

    Un drôle à qui l’on dit : « Ami, tenez-vous prêt,
    Ayez les armes en main pour faire sentinelle ; »
    Répondit fièrement : « Tu me la bailles belle !
    Commande à tes valets ; sais-tu bien qui je suis ? »
    Lors son sergent lui dit : « Un écureur de puits. »

    Citons encore, pour l’édification de nos soldats citoyens, quelques articles d’un