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mouvement. Parmi les formes que pouvait revêtir la littérature polémique, celle du journal, connue déjà depuis près de vingt ans, semblait devoir être une des premières qui se présenteraient à l’esprit des pamphlétaires. Renaudot lui-même en jugeait ainsi, et un instant il parut craindre pour le monopole dont il était en possession ; une circonstance vint augmenter encore les appréhensions dont il n’avait pu se défendre envoyant s’engager la guerre des pamphlets.

Quand la Cour sortit de Paris, le 6 janvier 1649, Renaudot eut ordre de la suivre à Saint-Germain. Mazarin lui avait donné la direction de l’imprimerie qu’il faisait emporter, et qui fut établie dans un des appartements de l’Orangerie[1]. Outre la nécessité de faire imprimer les arrêts du Conseil, les lettres

  1. « Le 4 mars, le roi étant allé visiter son imprimerie, établie dans l’un des appartements de son Orangerie à St-Germain-en-Laye, et S. M. ayant voulu faire imprimer quelque chose, celui à qui Leurs Majestés ont donné la direction de cette imprimerie (Renaudot) dicta sur-le-champ quelques vers sur la première conférence de Ruel. Voici les derniers, les seuls que l’auteur publie, les premiers ayant été enlevés par les courtisans :
    J’accepte cet augure en faveur de l’histoire
    Qu’à l’instant que Paris se met à la raison,
    Mon prince, visitant sa royale maison,
    Va fournir de sujet aux outils de sa gloire.
    Embrassez-vous, Français ! Espagnols, à genoux,
    Pour recevoir la loi, car la paix est chez nous ! »
    (Le Siége mis devant le Pouteau de mer (sic)…
    St-Germain, 1649.)

    Le roi, cela va sans dire, récompensa magnifiquement les ouvriers.

    On attribua à Renaudot toutes les pièces sorties de l’imprimerie de St-Germain, mais M. Moreau n’en sait que huit dont la paternité lui appartienne certainement. Dans la collection des lettres de Letellier-Louvois (ms. de la Bibliothèque