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est de l’art de l’imprimerie, et, comme un double traître, sert d’instrument aux ennemis pour découvrir et accuser les autres. J’avais encore la mémoire fraîche de mon écrit quand j’ai su qu’il avait été ravi et porté à M. le Lieutenant civil. »

Plusieurs imprimeurs même furent mis en prison, d’autres obligés de se cacher.


Soyons sages, par exemple.
Voyons La Caille, ou bien Monet,
Dont le premier fut mis tout net
Dedans une affreuse demeure
Où la nuit se trouve à toute heure.
Même sort serait pour rimeur
Que fut celui de l’imprimeur[1].


Mais rien n’y faisait.


On ne peut empêcher d’écrire
Par menace ni autrement,
Et les arrêts du Parlement
N’ont pas assez de suffisance
Pour empêcher la médisance[2].


Seulement les imprimeurs prirent plus de précautions pour se soustraire aux poursuites. On sait que les pamphlets sur copie imprimée à Bruxelles, à Anvers sortaient des presses de Paris : on vit alors


Sortir au jour, sans nom ni marque,
De la presse de Variquet,
Prevetay, Sara, Cottinet,

  1. La Raillerie sans fiel… 1649.
  2. Monologue de Mazarin sur sa bonne et sa mauvaise fortune, en vers burlesques. 1649.