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» Il y a en ce sens une carte du pays à faire, qui, à l’exemple de ces bonnes cartes géographiques, marquerait la hauteur relative et le degré de relèvement des monts, par rapport à ce terrain intermédiaire et continu. Jusqu’ici encore, on a, par-ci par-là, rencontré et coupé des veines au passage ; il y a à suivre ces veines elles-mêmes dans leur longueur, et bien des rapports constitutifs et des lois de formation ne s’aperçoivent qu’ainsi. Ce sont des enfilades de galeries qu’on ne se figure que si l’on y a pénétré. On aurait beau dire d’un ton léger : « Que voulez-vous tant fouiller, et pourquoi s’embarrasser de la sorte ? Ces morts sont morts et ont bien mérité de mourir ; qu’ils dorment à jamais en leurs corridors noirs. Cette littérature oubliée était juste à terre de son vivant ; elle est aujourd’hui sous terre, elle n’a fait que descendre d’un étage. Allez aux grands noms, aux pics éclatants laissez ces bas-fonds et ces marnières. » Mais il ne s’agirait pas ici de réhabiliter des noms : les noms en ce genre sont peu, les hommes y sont médiocrement intéressants d’ordinaire, et même les personnes morales s’y trouvent le plus souvent gâtées et assez viles ; il s’agirait de relever des idées et de prendre les justes mesures des choses autour des œuvres qu’on admire. Quand on a vécu très au centre et au foyer de la littérature de son temps, on comprend combien en ce genre d’histoire aussi (quoiqu’il