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L’ancienne société avait trop de chemin devant elle pour regarder en arrière ; elle manquait d’ailleurs du flambeau qui aurait pu la guider dans cette exploration.

La Révolution vint, et la lumière jaillit à flots ; mais pendant les vingt-cinq ans de ce grand drame, l’attention fut impérieusement captivée par ses péripéties diversement émouvantes ; c’est à peine, à cette époque, si la mémoire suffisait à compter les hommes que chaque jour dévorait.

Mais quand le gigantesque échafaudage de l’empire se fut écroulé, il y eut comme un temps d’arrêt dans la marche de la société ; les esprits, fatigués de cette longue tension, se replièrent sur eux-mêmes ; puis, quand on fut un peu remis de l’étourdissement produit par cette violente secousse, on regarda naturellement derrière soi, on mesura le chemin parcouru, on compta les morts restés sur le champ de la civilisation. Propagé par la nouvelle presse, le goût des études historiques envahit jusqu’aux provinces les plus arriérées. Chaque département, chaque ville, se mit, avec une noble émulation, à fouiller ses archives, à inventorier ses richesses, revendiquant sa part de gloire dans l’œuvre commune, exhumant ses morts et leur élevant de son mieux un piédestal. Cette pieuse reconnaissance fera l’honneur de notre temps.

Il s’en faut encore cependant que l’œuvre de la