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furent remplacées en 1672 par le Mercure galant, le prototype des petits journaux.

On fait généralement assez peu de cas du Mercure ; nous croyons cependant qu’il vaut mieux que sa réputation, et il serait difficile de méconnaître le grand rôle qu’il a joué dans l’histoire littéraire du XVIIIe siècle. Quoi qu’il en soit, en mêlant les vers à la prose, en alliant la politique à la littérature, ou si l’on veut, l’histoire à la fantaisie, il constitua, entre le journal politique et le journal littéraire, un genre mixte, dont le monopole lui fut concédé.

Le journal littéraire existait depuis quelques années déjà quand de Visé fonda le Mercure, et la France encore avait eu l’honneur de précéder les autres nations dans cette voie nouvelle. En 1665, un conseiller au Parlement, Denis Sallo, homme aussi judicieux qu’érudit, avait imaginé de faire pour la république des lettres ce que Renaudot avait fait pour la politique : il avait créé le Journal des Savants. L’idée parut si heureuse et si simple à la fois, qu’elle eut immédiatement des imitateurs en Angleterre, en Italie, en Allemagne. Cependant l’exécution rencontra, en France, des difficultés que l’on ne soupçonnerait pas. Heureusement Colbert fit pour le Journal des Savants ce que Richelieu avait fait pour la Gazette : il le plaça sous la protection du gouvernement. Grâce à ce généreux pro-