Page:Harlez - Avesta, livre sacré du Zoroastrisme.djvu/32

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xxiv
introduction

sacré que des noms mythiques. Les auteurs perses ne font que répéter le dire de l’Avesta. Parmi les écrivains mahométans, les uns le font originaire d’Urnmi[1], les autres de Palestine. Le Farhang-i-Jihângiri le dit un descendant des rois de Perse.
On le voit, les témoignages ne nous apportent qu’incertitude et hésitation. La question pourrait se résoudre facilement si l’on osait affirmer que le pays qui parlait la langue de l’Avesta et pour lequel ce livre fut composé est nécessairement celui où le fondateur du mazdéisme vit le jour. On verra que ce pays était bien probablement la Médie. Mais la conclusion dépasserait les prémices. Il en serait de même si l’on prétendait que sa terre natale a dû être celle où il exerça son action. Du reste, ici, les légendes se contredisent encore. Tandis qu’un bon nombre d’auteurs désignent la Bactriane comme le pays où régnait Vistaçpa, où Zoroastre prêcha sa réforme et trouva ses premiers disciples, d’autres tels que Bedaf font régner ce prince à Istakhar entre Persépolis et Pasargades. Tabari place Istakhar comme Balkh dans le royaume de Vistaçpa.
Nous ne nous étendrons pas davantage sur cette question qui est peut-être sans objet. Zoroastre pourrait n’être qu’un nom. Quoiqu’il en soit de la personnalité du prophète avestique il nous semble difficile d’admettre que les fondateurs du mazdéisme et les premiers auteurs de l’Avesta aient été étrangers au pays dont l’un et l’autre sont originaires, où ils furent répandus d’abord.
La Perse est entièrement en dehors des limites géographiques que tracent le premier Fargard et le Yesht X. C’est Ragha ou Ie pays au S.-E. de Mouru, mais surtout Ragha qui y joue le rôle principal. La Perse, en outre, n’a recu l’Avesta que très tard. On a vu que les Caspii voisins de Ragha, étaient le peuple qui pratiquait le mieux les us avestiques. Ragha fut le dernier refuge des chefs religieux du mazdéisme.
Les auteurs modernes ne sont pas moins divisés sur cette question que les écrivains de I’antiquité. Rawlinson, Mövers et Spiegel opinent pour la Perse ; Max Dûnker pour la Bactriane (Geschichte der Arier, 416-473 et suiv.). Après ce qui vient d’être dit ici nous ne pouvons voir dans Zoroastre qu’un Mède. Les traditions favorisent cette solution et toutes les probabilités intrinsèques se réunissent en sa faveur. Il n’est pas croyable, en outre, qu’un Persan ou un Bactrien eût pu jouer en Médie le rôle que l’on doit assigner au fondateur de la religion avestique et qu’on n’eût rédigé aucun des livres de cette religion dans la langue de son premier législateur. Mais nous reviendrons sur cette question.


II
La vie de Zoroastre n’est pas mieux connue que le reste. Les fables qui se sont accumulées autour de son histoire ne permettent plus guère de retrouver la vérité, si tant est qu’elle y ait quelque part. Cependant, si l’on écarte soigneusement tous les faits fabuleux, on peut encore reconnaître, dans ces écrits légendaires, un fond présentant des caractères de probabilité.
Zoroastre ne nous est point donné comme roi de la Bactriane. Toutes les traditions du pays protestent contre l’assertion de Justin et d’Eusèbe ; elles nomment même le
  1. Yaqout et Abou’l-féda.