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xxiii
introduction

sanscrit était éteint depuis plus de 1800 ans qu’il servait encore aux commentaires religieux et philosophiques comme à la rédaction des codes.
De plus, l’existence des vingt-et-un Nasks est des plus douteuse. S’ils furent réellement écrits il est à présumer que la plupart l’étaient en pehlvi. Cela est d’autant plus facile à croire que les livres zoroastriens attribuent la version pehlvie au réformateur même. Enfin Varron, lui seul, en a écrit presque autant.
On voit que la question des origines du zoroastrisme est bien loin d’être résolue. On serait cependant beaucoup plus près de la vérité si l’on tenait compte de la réalité des faits. Malheureusement on procède trop souvent avec des idées préconçues, des systèmes faits à l’avance et dont on cherche avant tout la confirmation. On prend le système avestique comme formant un ensemble, un tout coordonné, on n’y distingue pas ce qui est aryaque de ce qui appartient au zoroastrisme ; on ne cherche pas l’origine de ce dernier, là où les traits d’une ressemblance réelle indiqueraient infailliblement la vraie source.
Hâtons-nous de le dire, nous avons vu avec une vraie satisfaction M. Renan, dans son Rapport annuel de 1878, signaler la vraie direction à suivre. C’est à l’occident des terres éraniennes qu’il faut demander la cause de la transformation de leur culte, et cette transformation n’a pu s’opérer qu’après que les perso-mèdes eurent été mis en contact avec leurs voisins de l’ouest sémitique. Mais c’en est assez pour le moment.
Ce point trouvera son explication naturelle lorsque la nature des doctrines avestiques aura été exposée.


II
Si les historiens anciens et modernes diffèrent d’opinion relativement au siècle où parut Zoroastre, ils ne s’accordent pas davantage sur le lieu qui le vit naître. Les uns lui donnent pour patrie l’occident de la Perse[1] ; les autres, la Médie[2] ; d’autres encore la Bactriane[3]. Plusieurs même lui donnent le titre de roi de ce dernier pays[4] ; Suidas le qualifie de Perso-Mède. Enfin Moïse de Chorène en fait un chef des Mèdes contemporains de Sémiramis. Les légendes éraniques lui donnent pour lieu de naissance, tantôt les bords du lac d’Urmi, à l’ouest de la mer Caspienne ; tantôt les environs de la ville de Ragha et spécialement un mont du nom de Zbar. Elles assignent pour emplacement à Ragha les environs de Téhéran ; au mont Zbar, la région montagneuse qui sépare la mer Caspienne de la capitale de la Perse ; ces traditions du reste se contredisent entre elles. Le Boundehesh lui donne pour patrie I’Atropatène[5] ; les gloses pehlvies en font autant (Vend. I.60). Le Minokhired, au contraire, semble placer l’Airyâna Vaeja, patrie du prophète, à I’extrémité orientale de l’Éran (LXII. 13, 14). L’Avesta fait naitre Zoroastre dans l’Airyâna Vaeja, sur le bord du fleuve Dâraja. Mais l’Airyâna comme le Dâraja ne sont plus probablement, pour les auteurs du livre
  1. Clem. Alex. — Cedren.
  2. Clem. Alex. — Moïse Chor. — Bérose (1)
  3. Agathias, II, 24.— Amm. Marc. XXII, 6, 32.
  4. Ctesias. — Cephalion ap. Eusèbe, Chron. I, 43. — Eusèbe, Chron. IV, 35. — Arnobe, Adv. gentes. I, 5.
  5. Cp. LIII, 5 et LXX, 8.