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xiii
introduction

près, et qu’on les considère dispersés et chacun à sa place, on ne peut plus voir, dans ces rares analogies, que ces coïncidences fortuites qui se présentent naturellement lorsque deux écrivains de même nation s’occupent de sujets analogues.
Les traits semblables qui se rencontrent dans les deux monuments et qu’indique Windischmann, sont peu nombreux et sans aucune importance. Ce sont d’abord des mots isoles : vaçna « volonté, désir » ; baga « être divin ;» jad « demander, prier ; » frabar « procurer ; » yad, yaz « sacrifler ; » , dadhâ « créer ; » pereç, paraç « interroger, juger, punir ; » les expressions upaçtâm bar « secourir ; » ubarlam bar « bien garder ; » et le terme path « voie, » appliqué métaphoriquement à la conduite. Ce sont en outre, certaines idées similaires, la longue vie (dareghô jitim), considérée comme un bien, l'envahissement de l'ennemi, l'étiolement et le mensonge tenus pour choses mauvaises et fâcheuses. Est-ce tout ? Non, il y a encore un dernier exemple que nous rapporterons pour montrer jusqu'où peut aller l’amour de l'analogie, quelque fausse qu'elle soit. Darius fait traîner jusqu’au pied de son trône, les mains liées, un des chefs des soulèvements qui compromirent le sort de son empire. Windischmann n’hésite pas à voir dans ce fait une réminiscence de la légende du roi touranien Franraçyan lié et tué par Kava Huçrava.
Est-ce donc que Darius n’a lié ses prisonniers que pour imiter le roi des légendes avestiques ? Est-ce pour cela aussi qu'il a fait graver cette scène sur le rocher de Behistân ? Si la coïncidence de semblables faits suffit à trahir un emprunt incontestable, il n’est pas d’historien d’une nation antique qui ne puisse être considéré comme plagiaire de l’Avesta, car, partout on trouvera des chefs vaincus amenés, les mains liées, à leurs vainqueurs ; partout on rencontrera le désir d'une longue vie, la crainte des incursions ennemies et de la perte des biens de la terre, et, jusqu'à aujourd’hui, l'on parle de la question pénale et du sentier de la justice.
Notons enfin que Darius fit exécuter ses captifs par la croix ou le gibet. N'a-t-il donc voulu imiter qu’une partie du récit avestique ?
Que l'on conclue de ces rapprochements à une grande similitude de langage et à une certaine communauté d’idées, personne ne songera à le contester ; mais en induire que les doctrines de l’Avesta régnaient alors en Perse, c’est violer les lois élémentaires de la logique. Les rois Achéménides, du reste, se sont chargés eux-mêmes de démentir cette assertion. La section disciplinaire de l’Avesta est, en majeure partie, consacrée à condamner, à proscrire l’usage de l'enterrement des morts. C’est pour elle un crime odieux, inadmissible ; les peines les plus sévères sont prononcées contre celui qui s’en rend coupable. La terre qui a touchè un cadavre doit rester en friche une année entière ; celle dans laquelle il a été enfoui doit être laissée inculte pendant cinquante ans. Pas un os, pas un cheveu, pas un débris d’ongle ne peuvent rester sur le sol qu’ils souillent. De longues et pénibles cérémonies sont prescrites pour la purification de la terre ainsi contaminée. D'un autre côté, les dépouilles mortelles des successeurs de Cyrus sont déposées dans la terre, dans des monuments superbes, mis avec soin à l'abri des mains profanatrices, et l'on pourrait croire que ces princes religieux, qui affichent partout leurs sentiments de piété, qui proclament n’avoir rien fait que par Auramazdâ et pour lui, et n’avoir régné que selon les lois