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LA PEUR

— Émile t’expliquera.

Je referme la porte derrière lui. C’est fait.

Je l’entends qui rit : il ne demande qu’à rire. Il m’appelle. Je le devine qui traverse l’antichambre : il appelle Émile. Il frappe à la porte du laboratoire.

— Frappe, mon bonhomme : la mort est derrière.

Il parle : l’idée me vient d’écouter ce qu’ils se disent. Je cache ma lanterne dans le retrait du mur et je la tourne, de crainte qu’un filet de lumière ne décèle ma présence. J’applique mon oreille contre l’épais vantail de chêne. Je ne perçois qu’une seule des deux voix, celle de Blasquez ; l’autre m’arrive comme un bourdonnement, à cause des deux portes qu’elle doit traverser.

— Enfermé ?

— …

— Quelle blague !

… Émile raconte longuement : le ronron monte vers moi. Diego a du mal à comprendre.

— Un traître ! Jarguina ?

Émile explique. De temps en temps, des exclamations d’incrédulité, puis d’étonne-