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LA PEUR

du cou, les intestins d’un cheval et, toute morte qu’elle était, elle crispait ses petits poings à la robe de sa maman, qui n’avait plus de tête. Tu ne les a pas remarquées, toi ?

— M’en fiche.

— Tu es bien sûr que jamais elles ne reviendront, bien sûr ?

— Tu me rases, avec tes balivernes… Qu’est-ce que j’ai donc, moi ?

Il se lève. Je le guette. Il marche à travers la salle, avec des pieds de plomb.

— Émile, tu es pâle, assieds-toi.

Je le prends sous le bras, et je l’entraîne vers la couchette ; à peine l’ai-je poussé, qu’il tombe assis : ses yeux sont vagues. Je l’ai.

— Étends-toi…

Je soulève ses jambes : elles sont lourdes, molles. Le voilà allongé sur le lit de camp.

— C’est peut-être bien mon tabac… de la Vendetta… qui te barbouille ? Ça va passer.

Je ramène et croise ses deux mains sur son ventre : il laisse faire. Je vais tranquillement prendre ma corde ; je ligotte ses poignets, ses chevilles.

— Voilà le saucisson paré, pour devenir