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LA PEUR

mence, arguant de ma bonne foi, ayant cru, comme tout le monde, aux insignes que cet étranger nous exhibait :

— J’ai mes idées en politique, soit, mais je connais mes devoirs et je les ai toujours remplis avec exactitude : je défie qui que ce soit d’affirmer le contraire ; je suis un honnête homme, et si j’ai été, pour une fois, dupé comme vous, aussi bête que vous, qu’avez-vous à me reprocher ?

Mon nom devenait scandaleux et mon portrait parut dans les journaux. Seul, le cocher qui nous avait véhiculés pouvait déposer contre moi : faute d’idée ou de courage, il ne broncha point. J’en fus quitte pour six mois de prison : la belle affaire ! Quand on me relâcha, j’étais sans métier, sans argent, et j’avais peine à vivre, mais j’approchais du but : les frères m’accueillirent.

Dans les cénacles de l’anarchie, je jouais le martyr, le héros ; pour manger, je vendis mes meubles ; une légende m’auréolait ; ma gloire avait gagné Londres, Genève, Turin. D’ailleurs, elle seule progressait ; tous mes efforts pour retrouver la piste de l’homme, ou un indice quelconque sur son passage à