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grandement dépassés en nombre dans les airs.

Quand, il y a une semaine aujourd’hui, j’ai demandé à la Chambre des communes de réserver cet après-midi pour prononcer une déclaration, j’ai craint qu’il ne soit de mon pénible devoir d’annoncer le plus grand désastre militaire de notre longue histoire. J’ai pensé — et quelques bons juges ont pensé la même chose que moi — que peut-être 20 000 ou 30 000 hommes pourraient être rembarqués, mais tout portait à croire que l’ensemble de la première armée française et tout le Corps expéditionnaire britannique au nord de la faille Amiens-Abbeville seraient à découverts et anéantis, ou auraient capitulé par manque de nourriture et de munitions. Telles étaient, il y a une semaine, les dures et difficiles nouvelles pour lesquelles j’ai convoqué la Chambre des communes et la nation pour qu’ils se préparent. Pendant la dernière année, tout le cœur, les racines et le cerveau de l’armée britannique ont semblé sur le point de périr sur le champ de bataille ou d’être menés dans une captivité ignominieuse et famélique.

Telles était les perspectives il y a une semaine. De plus, un autre coup, qui aurait bien pu se montrer fatal, devait nous accabler. Le roi des Belges nous avait appelés à l’aide. Si ce dirigeant et son gouvernement ne s’étaient pas séparés des Alliés, qui ont sauvé leur pays de l’extinction lors de la dernière guerre, s’ils ne s’étaient pas réfugiés dans ce qui s’est montré comme une neutralité fatale, les armées françaises et britanniques auraient pu dès le début sauver non seulement la Belgique, mais peut-être aussi la Pologne. Au dernier moment, lorsque la Belgique était déjà envahie, le roi Léopold nous a demandé de venir à son secours et, même au dernier moment, nous sommes allés. Lui et son armée, brave et efficace, forte de presque un million d’hommes, ont protégé notre flanc gauche et ainsi gardé notre seule porte de sortie vers la mer. Soudainement, sans consultation préalable, avec le plus court préavis possible, sans le conseil de ses ministres et de son propre chef, il a envoyé un plénipotentiaire au commandement allemand, a rendu son armée, et a exposé tout notre flanc gauche et nos moyens de battre en retraite.

J’ai demandé à la chambre il y a une semaine de suspendre son jugement puisque les faits n’étaient pas clairs, mais je ne pense pas qu’il subsiste maintenant une raison de ne pas se faire notre propre opinion sur ce pitoyable épisode. La reddition de l’armée belge a forcé les Britanniques à couvrir, dans le plus court délai, un flanc sur la mer de plus de trente milles de long. Autrement, tout aurait été coupé et tous auraient partagé le même sort auquel a condamné le roi Léopold à la meilleure armée que son pays a jamais formée. Donc, en faisant ceci, en exposant ce flanc, comme n’importe qui a suivi les opérations sur les cartes peut le constater, le contact a été perdu entre les Britanniques et deux des trois corps composant la première armée française, qui était encore plus loin de la côte que nous ne l’étions, et il semblait impossible que n’importe quel troupe alliée d’importance puisse atteindre la côte.

L’ennemi nous a attaqués de tous les côtés, férocement et avec une grande force, et leur force principale, leur vaste flotte aérienne, lorsqu’elle n’était pas lancée dans la bataille, était concentrée sur Dunkerque et les plages. Pressant sur l’étroite sortie, aussi bien par l’Est que par l’Ouest, l’ennemi a commencé à bombarder avec ses canons les plages que seuls les transports pouvaient approcher ou quitter. Ils ont semé des mines magnétiques dans les canaux et dans les mers ; ils ont envoyé des vagues répétées d’aéronefs hostiles, quelques fois plus de cent par formation, pour lâcher leurs bombes sur le seul quai restant, ainsi que sur les dunes, sur lesquelles les troupes ont cherché à s’abriter. Leurs U-boats, dont un a été coulé, et leurs embarcations ont fait des ravages dans le vaste trafic qui a commencé. Pendant quatre ou cinq jours, une lutte intense a régné. Toutes leurs divisions blindées — ou ce qui en restait — appuyées en force par l’infanterie et l’artillerie, se sont lancées en vain sur l’appendice toujours plus petit, toujours plus étroit sur lequel les armées britanniques et françaises ont combattu.

Pendant ce temps, la marine royale, avec l’aide d’innombrables marchands-pêcheurs volontaires, ont mis leurs nerfs à rude épreuve pour embarquer les troupes britanniques et alliées ; 220 petits navires