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ductions monotones, une saveur particulière, un goût de terroir flamand, compliqué d’un arôme très fin de nervosine. Là, est la note spéciale de ce coloriste et elle est complétée par une sollicitude inquiète pour ces raffinements mondains, pour ces senteurs féminines qui ont fourni à Émile Zola, de si belles, de si admirables pages !

L’un des seuls, en effet, parmi les auteurs contemporains, M. Hannon a la curiosité des parfums agressifs, des luxes désordonnés des dessous, des opulences maquillées des dessus. Les beautés qui sèchent au bout des estompes ou qui se liquéfient dans le creux des godets, l’enchantent.

Ce n’est certes point lui qui nous vantera les yeux bovins des déesses, ces boules d’eau où ne frétille aucune étincelle ; ce n’est pas lui qui nous exaltera les attitudes sculpturales ou graves, la rigidité des charnures entrevues sous l’ordonnance surannée des plis. À toutes ces tubulures des étoffes classiques, il préfère certainement les ondulations des satins et des failles ; il a compris l’audace ou la sournoiserie des toilettes de Rodrigue et de Worth, l’utilité des tissus qui repoussent le grain lacté des chairs, l’avantage des velours qui absorbent la lumière, des soies qui la réfléchissent, l’accordance avec le type de la femme qui les revêt,