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Vous avez tous les mains rutilantes de sang,
De sang humain rouge et qui fume !
Pour gagner votre amour, paraît-il, tout-puissant,
Il faut que l’autel se parfume
De la pourpre liqueur aux sauvages relents ;
Vous voulez, ô fauves atroces,
L’artère que l’on ouvre et les cœurs pantelants
Pour tremper vos griffes féroces.
Oh ! tout ce sang versé doit creuser quelque part
Un océan au sombre cadre,
Plus grand que vous, ô Dieux ! où, pour votre départ,
Mouille une ténébreuse escadre…
Mais leur terrible main qui voulait nous broyer,
Vers nous, en vain, sera tendue,
Quand ces bourreaux viendront en ton sein se noyer,
Mer sans fond par eux épandue !
Nous laisserons les Dieux y couler un à un…
Dans le ciel vide et taciturne,
Un jour nous brûlerons le sucre au fort parfum :
Le Temps a bien mangé Saturne !


II



Ô toi, le légataire universel des Dieux
Qui s’en sont allés, Dieu le Père,
Prends garde, en vérité ! Tes prêtres sont odieux,
Leur hypocrisie exaspère.
Ils n’ont point la beauté des sacrificateurs
Ni la superbe des druides :