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à la continuer, contre leur inclination personnelle, quelquefois même contre les intérêts véritables de l'Etat.

Pendant la fameuse lutte entre les maisons rivales d’Autriche et de Bourbon pour la prééminence, et qui mit si longtemps l'Europe en feu, on sait que l'antipathie des Anglais contre les Français, secondant l'ambition, ou plutôt l'avarice d'un chef favori[1], prolongea la guerre au-delà des limites marquées par une saine politique et pendant un temps considérable, contrairement aux vœux de la Cour.

Les guerres de ces deux dernières nations ont eu, le plus souvent, des causes commerciales : le désir de supplanter ou la crainte d'être supplanté, soit dans des branches particulières de trafic, soit dans les avantages généraux du commerce et de la navigation[2]

  1. Le duc de Marlborough.— PUBLICS.
  2. [Ici l'on trouve dans le texte, qui passe pour avoir été revu par Hamilton et par Madison et qui a été adopté par M. John C. Hamilton, dans l'édition qu'il a donnée en 1864 du Fédéraliste, le passage suivant, qui n'existe pas dans l'édition originale de 1788: "... et quelquefois même le désir plus coupable de s'approprier une partie du commerce des autres nations, sans leur consentement. La dernière guerre entre l'Angleterre et l'Espagne fut causée par les tentatives des marchands anglais, pour établir un commerce illicite avec le continent espagnol. Cette conduite inexcusable excita les Espagnols à des violences contre les sujets de la Grande-Bretagne, violences tout aussi inexcusables, parce qu'elles dépassaient les bornes de justes représailles, et pouvaient être accusées d'inhumanité et de cruauté. Des Anglais pris sur la cote espagnole furent envoyés travailler dans les mines de Potosi. Bientôt, par les progrès ordinaires du ressentiment, les innocents furent, sans distinction, châtiés ainsi que les coupables. Les plaintes des négociants anglais excitèrent dans la nation une violente colère, qui éclata bientôt après dans la Chambre des communes, et passa de cette assemblée au ministère. Des lettres de marque furent délivrées, et il en résulta une guerre qui eut pour résultat de détruire toutes les alliances formées vingt ans auparavant, et promettaient de si heureux fruits."]