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sur les mouvements et les pacifications d'une partie de l'Europe, ont été trop souvent le sujet des conversations, pour n'être pas généralement connues.

Ce serait perdre son temps que de multiplier les exemples de l'influence qu'ont eue des considérations personnelles sur les plus grands événements qui aient jamais intéressé les nations au dedans ou au-dehors. Ceux qui même ont une connaissance superficielle des sources dont on peut les tirer pourront s'en rappeler une foule; et ceux qui ont une connaissance suffisante de la nature humaine pourront, sans le secours de ces lumières, se faire une opinion de la réalité et de l'étendue de cette influence. Peut-être, cependant, convient-il de donner un nouveau degré d'évidence à ce principe général, en rappelant un fait qui vient de se produire parmi nous. Si Shays n'avait pas été un débiteur perdu de dettes, le Massachusetts n'eût peut-être pas été plongé dans une guerre civile.

Mais, malgré les témoignages concordants de l'expérience à cet égard, on trouve toujours des visionnaires ou des hommes mal intentionnés, prêts à soutenir le paradoxe de la paix perpétuelle entre les Etats, même après le démembrement et la séparation qu'ils proposent. Le génie des Républiques, disent-ils, est pacifique. L'esprit du commerce tend à adoucir les mœurs des hommes et à éteindre en eux cette humeur violente qui a si souvent produit la guerre. Des Républiques commerçantes, comme les nôtres, ne seront jamais disposées à s’entre-détruire par des dissensions ruineuses. Elles seront gouvernées par leur mutuel intérêt, elles cultiveront entre elles un esprit de concorde et d'affection mutuelle.

Mais n'est-il pas de l'intérêt de toutes les nations, demanderons-nous à tous ces profonds politiques,