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introduction générale

gouvernements séparés et indépendants, qu’à raison de la différence des lois locales et des intérêts qui peuvent les influer. On ne saurait trop approuver, à cet égard, la sagesse de la Convention qui soumet les questions de ce genre à la juridiction et au jugement de Tribunaux établis par un Gouvernement national unique et responsables envers lui seul.

En troisième lieu, la considération d’un avantage ou d’un désavantage immédiat peut souvent entraîner le gouvernement particulier d’un ou de deux États, à s’écarter de la bonne foi ou de la justice. Ces tentations n’atteignent pas les autres États, et par suite, n’ayant point, ou du moins ayant peu d’influence sur le Gouvernement national, elles resteront sans effet ; la bonne foi et la justice seront respectées. L’exemple du traité de paix avec l’Angleterre ajoute beaucoup de poids à ce raisonnement.

En quatrième lieu, même si le parti dominant dans un État particulier est disposé à résister à des tentations de ce genre, comme celles ci tiennent ordinairement à des circonstances particulières à l’État qui les éprouve, et qu’elles peuvent être partagées par un grand nombre de ses habitants, le parti qui gouverne peut n’être pas toujours à même d’empêcher l’injustice méditée ou de punir les agresseurs. Le Gouvernement national, au contraire, n’étant jamais soumis à l’influence de ces circonstances locales, ne sera jamais porté à commettre lui-même des injustices, et ne manquera ni du pouvoir ni de la volonté d’empêcher ou de punir celles des autres.

Ainsi, loin de craindre que des violations préméditées ou accidentelles des Traités et du Droit des Gens puissent faire naître de justes causes de guerre, nous devons les appréhender infiniment moins avec