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ricaines ont réalisées sur les modèles de gouvernements populaires, tant anciens que modernes, ne sauraient être trop admirées ; mais ce serait faire preuve d’une partialité inexcusable que de prétendre qu’elles soient parvenues à écarter les dangers de ce genre avec autant d’efficacité qu’on aurait pu le désirer et l’espérer.

On entend de toutes parts les plaintes des plus considérés et des plus vertueux de nos concitoyens, aussi amis de la bonne foi publique et privée, que de la liberté publique et privée. Ils disent que nos gouvernements sont trop instables, que le bien public est toujours oublié dans les conflits des partis rivaux ; que les questions sont trop souvent décidées, non pas d’après les règles de la justice et les droits de la minorité, mais par la force supérieure d’une majorité intéressée et oppressive. Avec quelque ardeur que nous puissions désirer que ces plaintes soient sans fondement, l’évidence de faits bien connus ne nous permet pas de nier qu’elles ne soient justes jusqu’à un certain point. Si nous nous livrons à un examen impartial de notre situation, nous trouverons que quelques-uns des maux dont nous nous plaignons ont été injustement attribués à l’effet de nos gouvernements ; mais nous trouverons aussi que les autres causes sont insuffisantes pour expliquer quelques-uns des plus graves de nos malheurs ; et, en particulier, cette défiance presque générale et toujours croissante pour les engagements publics, et ces alarmes pour les droits privés dont l’expression retentit d’un bout à l’autre du continent. Ce sont là, en grande partie sinon entièrement, les effets de l’instabilité et de l’injustice dont un esprit de faction a souillé nos administrations publiques.

Par faction, j’entends un certain nombre de ci-