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ALEXANDRE DE RIVIÈRE

Aucuns l’ont dict ainsi que le ciel reposoit,
Et que nôtre planche triplement se mouvoit ;
Opinion qui est à mon advis si vaine,
Que pas elle ne vaut d’y repondre la peine…

Il y répond pourtant : il est plus noble — dit-il — de se mouvoir que de rester inerte ; donc la première de ces fonctions appartient de droit au ciel ; il donne aussi des raisons matérielles, familières :

Comment l’harquebusier ou l’archer plus subtil
Si la Terre tournoit, le blanc frapperoit-il ?
Et le plom à niveau jetté d’une tour haute,
Au même poinct après reviendroit-il sans faute ?

Le mouvement, conclut-il, est de l’essence même du celeste azur,

Luy étant naturel ainsi qu’à la grand’Seine,
Qui roule son tribut dans le salé domaine,
Et porte les bateaux avec elle courans,
Dont s’ebahissent fort à Paris les enfans.

Plus loin, — mais il suit et développe ici le texte latin, — il affirme que les hauts manoirs ont leurs habitants comme la terre a les siens, mais bienheureux et sages.

Seroit-ce à un grand Prince un grand trait de prudence
Bâtir de marbre blanc un palais d’excellence,
Caves, etables faire, offices, basses cours,
Un corps d’hôtel superbe avec ses belles tours,
À dix etages haut, chacun de ces etages
Garny de cabinets et chambres à feuillages,
De jaspe, de porphyr, de carboucles[1] ardans,

  1. Carboucle, carboncle (carbuncuIus) ; on ne dit plus qu’escarboucle.