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ALEXANDRE DE RIVIÈRE


ajoute Rivière, trouvant à la fois une malice et une rime, — la fièvre, les ulcères, les bourgeons sur le nez, complètent ce tableau, qu’un précédent imitateur de Palingene, Sainte-Marthe, n’avait eu garde de négliger. La nymphe Arété termine son discours par le vers-proverbe que l’Avare de Molière a mis dans toutes les mémoires :

Pour manger ne faut vivre, ains pour vivre manger,

puis elle quitte le poète, non sans lui promettre qu’il entendra bientôt parler d’elle.

Dans le sommaire du livre IV, le poète nous annonce qu’il va parler de l’amour, et, en effet, après avoir adressé une invocation au Soleil, il est choisi pour arbitre entre un pastoureau et une pastourelle, qui, comme les bergers de Théocrite et de Virgile (Rivière a trouvé plus piquant de ne pas imposer le même sexe à ses deux antagonistes), se disputent le prix de la poésie amoureuse ; en ces termes imagés, où nous avons plaisir à saluer une allusion bretonne, la bergère sollicite son insensible Philète :

 … Je ne suis pas si laide !
Si tu me connoissois, tu ne serois si fier…
Tu m’aimerois peut-être, et bien que je ne porte
Un moule et une tresse à la nouvelle sorte,
La dentelle ouvragée au rabat de Quintin[1],
Ny la chausse d’estame et le petit patin,
Je ne dois pour cela estre moins regardée.
Un amante sans fard vaut mieux qu’une fardée ;
Au reste, j’ai du bien, mon père a des troupeaux…

  1. Les toiles de Quintin étaient, dès lors, si renommées, que l’on disait