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ANNE DE ROHAN

trouvé à Bessinge, ont été rassemblés dans un recueil publié à Paris, chez Aubry, en 1852, sous ce titre : Poésies d’Anne de Rohan et lettres d’Eléonore de Montbazon. On a découvert à Bessinge, près de Genève, un manuscrit qui porte à 24 les poésies d’Anne et à 6 celles de sa sœur Henriette.

Avant la citation de quelques pièces, il nous semble curieux de faire connaître sur cette femme de lettres les jugements divers de ses contemporains.

Tallemant des Réaux dit, en parlant d’Anne :

« Bonne fille, fort simple, quoyqu’elle sçeut le latin, et que toute sa vie elle eût fait des vers ; à la vérité, ils n’étoient pas les meilleurs du monde. »

D’Aubigné, à propos de la mort de Henri IV, s’exprime ainsi :

« Je laisse parler mieux que moi Anne de Rohan, princesse de Léon, de laquelle l’esprit, tiré entre les délices du ciel, écrit :


Stances sur la mort de Henri IV

Quoi, faut-il que Henri, ce redouté monarque,
Ce dompteur des humains, fût dompté par la Parque !
Que l’œil qui vit sa gloire ores voie sa fin ?
Que le nôtre pour lui incessamment dégoutte ?
Et que si peu de terre enferme dans son sein,
Celui qui méritait de la posséder toute.

Quoi, faut-il qu’à jamais nos joies soient éteintes ?
Que nos chants et nos ris soient convertis en plaintes ?
Qu’au lieu de notre Roi, le deuil règne en ces lieux ?
Que la douleur nous poigne et le regret nous serre ?