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BAUDEVILLE

J’ai, ma foi, grand besoin d’une bonne pratique,
Je ne gagne plus rien, j’en suis tout fantastique,
Je m’en vais dérouiller un peu mes grands couteaux ;

et du même, cette apostrophe au peuple, en lui montrant la tête qu’il vient de trancher :

Adroitement, je l’ai, voyez-vous, tronçonnée.
J’en couperois, ma foi, cent dans une journée.

Ne croit-on pas entendre Jack Cade, dans Henri VI de Shakspeare, félicitant Dick, le boucher d’Ashford, de s’être comporté, à la bataille de Blackheath, « comme dans son abattoir ! » Baudeville a mis le comble à l’horreur en imaginant une querelle entre le bourreau et ses aides, qui se disputent les hardes des courtisans décapités.

Le drame ne fait qu’un bond en Bretagne. Aux Boschaux, près de Rennes, un serpent monstrueux est établi, il dévore bêtes et gens ; sous nos yeux, il engloutit un paysan, il décime une troupe de chevaliers qui l’attaque à grands coups de lances et de sabres de Damas, sous la conduite même du duc de Bretagne. Il faut noter au passage le type complaisamment tracé du chevalier lâche, qui court sus à la bête à son corps défendant allègue la maladie, et finit par dire :

Je me tiendrai toujours dedans l’arrière-garde,
Car je n’ai point envie encore de mourir.

C’est à Armel qu’il est réservé de triompher du