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BAUDEVILLE

Armel, que la voix publique a désigné, résiste et ne cède qu’à une seconde et plus pressante injonction. Devenu conseiller du roi de France, il le dissuade de lever de nouveaux impôts et se fait des ennemis acharnés de deux courtisans dont il démasque la cupidité ; nous trouvons, un peu après, ces deux maltôtiers complotant de l’empoisonner. — Pour faire diversion à ces idées sinistres, le naïf auteur met en scène un tors et un aveugle qui viennent d’être guéris de leurs infirmités par Armel ; le tors médite d’aller retrouver sa femme, mais l’aveugle l’engage à n’en rien faire :

Dis plutôt qu’on ne peut, sans être en rêverie,
S’affliger quand on vient à perdre une furie,
Qui n’est pas, le matin, plus tôt en cotillon,
Qu’elle commence à faire un triple carillon !

Cet intermède, plaisant écho des fabliaux du moyen âge, des contes du XVIe siècle, est suivi d’une apparition de l’ange Raphaël qui prescrit à Armel de retourner en Bretagne, pour délivrer les habitants d’un monstre qui ravage le pays ; par ce départ le saint évitera aussi les embûches qu’on lui prépare. Armel obéit et quitte la France, malgré les prières instantes du roi.

Les trivialités abondent dans la journée suivante ; le complot des deux maltôtiers a été éventé, ils sont saisis et condamnés au dernier supplice. Voici un échantillon de l’atticisme du valet du bourreau maître Clément :