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BAUDEVILLE

Pour moi, je veux danser, attendant l’aventure
Que prédit, dites-vous, votre saincte Ecriture ;
Nous nous divertirons, malgré vous et vos dents.
Allez vous promener avec vos deux pédants.

Le pauvre saint bat en retraite, poursuivi par des quolibets de foire : Adieu, Gaultier ! Adieu, Gilles ! Adieu, Guillaume ! Quand il est parti, les plaisanteries continuent, plus salées encore ; on danse, on boit, on rit.

Hippocrate, à mon sens, n’étoit qu’un assassin,
Vive le seul Bacchus, c’est le vrai médecin !
Je vous jure, et, ma foi, vous n’avez qu’à me croire,
Qu’un pot de vin vaut mieux qu’un tonneau d’eau de Loire.

Mais un châtiment terrible frappe bientôt ces débauchés : atteints de la lèpre, méconnaissables, ils se traînent aux pieds d’Armel, qui leur fait abjurer leurs erreurs, les baptise et les guérit ; animés du saint zèle de Polyeucte, les néophytes ne veulent-ils pas maintenant briser les images de leurs anciens dieux.

Que je puisse raser le temple de Diane !
Il fait beau voir un temple à cette courtisane !

Le saint est obligé de jouer près d’eux le rôle modérateur de Néarque. Après cet épisode de haut goût, voici que paraît le courrier du roi de France, qui a mis la main sur le sage réclamé par son maître.