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BAUDEVILLE

comme ceux que Callot excelle à crayonner : un fragment de dialogue entre trois de ces aimables compères à qui Armel vient de faire l’aumône, donnera l’idée de ces mœurs de bas étage que Baudeville se complaît à dépeindre :

premier gueux.

Allons boire d’abord chaque un coup d’eau-de-vie,
Ensuite au cabaret.

deuxième gueux.

Ensuite au cabaret. Combien t’a-t-il jeté ?
Avant que nous sortions, je veux qu’il soit compté.

troisième gueux.

Tu n’auras pour cela nul besoin de me battre,
Va, j’ai trente-trois sols.

deuxième gueux.

Va, j’ai trente-trois sols. Combien de deniers ?

troisième gueux.

Va, j’ai trente-trois sols. Combien de deniers ? Quatre.

premier gueux.

C’est, je crois, à chacun, onze sols, un denier.

deuxième gueux.

J’aurai le quatrième, ayant parlé premier.

premier gueux.

Tu pourrais bien plutôt avoir dessus l’oreille.
J’aurai mon tiers, ou bien je prendrai la bouteille.