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BOMBARDEMENT

Entre dans ta superbe Londre,
Le front couronné de lauriers,
Disant que tu viens de confondre
Les plus redoutables guerriers ;
Que la basse et la haute Chambre
Te couronnent roy de Cézambre ;
Que les places de la Cité
Soient des plus belles fleurs jonchées ;
Honneur au prince des Conchées !

Le brave Malouin ne tarit pas sur ce sujet, il l’agrémente d’un mauvais jeu de mots : « Si tu reviens encore à Saint-Malo, » — s’écrie-t-il, — « fais à Dieu cette prière : Sed libera nos a malo ; » et il décoche encore cette épigramme au bombardeur :

L’Anglois, semblable à la montagne
Qui n’enfanta qu’un simple rat,
Dans sa malouine campagne,
N’a fait mourir qu’un pauvre chat.

Il paraît que le fait est avéré, car un manuscrit du temps, cité par l’abbé Poulain, dit expressément : « Il n’y eut personne de tué, excepté un chat dans une gouttière »

Les trois sonnets qui terminent le volume, et dont l’un est signé F. T. C. M. B. I., ne valent pas qu’on s’y arrête ; ils n’ajoutent rien au mérite du petit poème, qui m’apparaît comme la revanche ingénieuse de l’esprit gaulois sur la force lourde et gauche ; toutes proportions gardées, c’est un peu David raillant