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NICOLAS DADIER

Les campagnes rioient, les Nymphes forestières
Peignirent le printemps de leurs vertes crinières,
La terre fleurit toute, et les champs amoureux
Semoient la violette et les lys odoreux ;
Des ruisseaux fontainiers l’onde clairement pure
Çà et là se rouloit avec un doux murmure ;
Les couteaux d’Assyrie alloient leur dos haussant,
Et l’orgueilleux Thabor son coupeau fléchissant
Par humble reverence ; et Carmel de sa cime
Sa dame apercevant, courba son chef sublime ;
Un gracieux zephir replioit doucement
Les pins et les ciprès alternativement ;
Voletant à l’entour de la face pourprée
Et du col et du sein de la Vierge sacrée,
Cérès montroit son dos de richesses couvert
Et le ciel balayé rioit d’un front ouvert.

Je laisse à de plus savants, à des critiques de profession, le soin de censurer ces vers, assurément peu classiques ; j’aime, quant à moi, leur charme sans apprêt et leur simplicité gracieuse, heureux d’avoir retrouvé une fois de plus, en Bretagne, les vestiges de cette école de Ronsard, que je n’étudie jamais — comme Montaigne, Terence — « sans y treuver quelque beaulté et grâce nouvelle. »

Cette notice était terminée, quand M. le baron de Wismes a bien voulu me communiquer un rarissime volume breton : Les Devis du catholique et du politique…, de Frère Le Bossu. (Nantes, Nicolas des Marestz et François Faverye, 1589.) En tête du troisième devis, est un sonnet adressé à M. nostre Maistre Le Bossu (sic), par F.-N.Dadier, carme. Ce