Page:Halgan - Anthologie des poetes bretons du 17e.djvu/248

Cette page a été validée par deux contributeurs.
230
LE PÈRE GRIGNION DE MONTFORT


Nous admirerions la structure
D’un calvaire qu’il élevoit,
Sans les clameurs que l’imposture
Excita contre cet objet.

Un monument recommandable,
Qu’il laisse de sa piété,
C’est le règlement admirable
D’une sage communauté.

On a reconnu dans cette communauté — que l’auteur, avec un peu de préciosité, appelle sage — cet ordre admirable qui est, avec celui des Sœurs de Saint-Vincent de Paul, la plus belle personnification de la charité chrétienne. Le chroniqueur des pieuses actions du Père Montfort, qui supplée par la candeur et l’onction à la poésie absente, ne pouvait oublier le plus haut titre du missionnaire à la vénération et à la reconnaissance. Il pouvait parler aussi de la renommée de ses édifians cantiques ; » bien plus, en effet, qu’un recueil de sermons assez diffus, et que deux ou trois écrits mystiques, ces Cantiques ont été le reflet de la grande popularité de leur auteur ; ils ont eu, aux deux derniers siècles, un nombre considérable d’éditions, les unes bretonnes, les autres poitevines, — ces dernières plus intéressantes, en ce qu’elles renferment une curieuse invective contre Rennes, supprimée par les imprimeurs bretons. J’ai sous les yeux un Recueil de cantiques spirituels, édité à Saint-Brieuc, en 1790, qui renferme encore plusieurs cantiques, peu ou point modifiés, de Montfort : les titres seuls sont quelquefois changés ; ainsi le Pécheur