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L’ABBÉ DE FRANCHEVILLE

dit qu’un de ses familiers a fait imprimer à son insçeu. Vous en croirés ce qu’il vous plaira. Il m’en a promis un exemplaire, et Dieu sçait s’il ne vous en envoiera pas plus d’un. C’est toujours le plus délibéré et le meilleur gentilhomme du monde… »

Il s’agit ici de Paul II Hay du Chastelet, l’auteur de la Politique de France, et le fils de l’académicien breton. Je ne sache pas que personne l’ait jamais signalé comme poète, et voilà un nouveau chapitre à ajouter à l’Anthologie bretonne. Malheureusement, il m’a été jusqu’ici impossible de rencontrer ce volume de poésies et j’en livre le secret à tous les bibliophiles de notre province, pour qu’on puisse quelque jour le reconnaître au passage.

Je terminerai ces extraits par un fragment d’une lettre de Chapelain, dans lequel l’infortuné poète, bafoué par Linière, par La Mesnardière et par Boileau, trace à l’abbé de Francheville un portrait touchant et vrai de sa propre personne. « J’oppose, lui écrivait-il, vostre seule amitié et vostre raison seule à toute la malignité et l’extravagance de cette canaille qui s’est conjurée contre ma médiocrité, et que ma petite fortune irrite, ronge et désespère. Si j’avois besoin de consolation de ce costé-là, je la trouverois entière dans vostre tendre partialité et dans le favorable jugement que vous faittes de ce peu, je n’oserois dire de vertu, que j’ay essayé d’acquérir par une sérieuse application aux exercices que les gens de bien considèrent comme honnestes et louables, sans que ni l’ambition ni l’avarice y ayent jamais eu part, ni y soyent jamais