Page:Halgan - Anthologie des poetes bretons du 17e.djvu/229

Cette page a été validée par deux contributeurs.
211
L’ABBÉ DE FRANCHEVILLE

siècle, comment le petit collet n’excluait pas alors le commerce du monde ; — comment Godeau laissa publier des lettres à Bélinde, avant de devenir un austère évêque, tout en conservant des relations d’amitié avec l’hôtel de Rambouillet ; — comment l’abbé Cotin rimait à la fois des madrigaux à Iris et des poésies chrétiennes, au sortir de sermons prêchés avec grand succès, en dépit des épigrammes de Boileau ; — comment l’abbé Fléchier, du même âge à très peu près que les abbés de Montigny et de Francheville, s’adonnait aux poésies mythologiques avant d’aborder les travaux plus sévères qui le conduisirent à l’évêché de Nîmes ; — comment, enfin, le savant Huet et un grand nombre de futurs prélats de ce temps, fort différents des légers abbés de cour du XVIIIe siècle, souvent aussi corrompus que les roués de la Régence, considéraient qu’un commerce platonique avec les femmes et la société des ruelles faisaient partie de « l’honnêteté et de la bienséance, » et ne portaient pas atteinte à la dignité du costume ecclésiastique. Il ne faut pas juger des mœurs de cette époque par la pruderie souvent fausse de; ôntra[illisible] on le parlait alors le langage de l’Astrée, en tout bien tout honneur ; « même chez un jeune abbé, ce n’était là, » remarque M. Sainte-Beuve à propos de Fléchier, « qu’une contenance admise, pour ne pas dire requise, dans un monde d’élite : l’attitude et la marque d’un esprit comme il faut. » À cet âge et dans ce mode de société, il fallait être, au moins en paroles, partisan et sectateur du bel amour raffiné, de