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JEAN DE MONTIGNY

Mais il y a, dans le Palais des Plaisirs, autre chose que de beaux vers isolés. M. Kerviler a cité, presque en entier, les deux remarquables discours de la Gloire et du Plaisir. Voici un passage descriptif, où le talent de l’auteur se déploie à l’aise :

Sur la cime du mont est un palais antique,
Où le roïal se mêle avecque le rustique.
Mille détours y font un dédale charmant,
Certain désordre heureux en forme l’agrément,
Il plaît par ses défauts : en vain l’Art en murmure ;
Et rien n’y charme tant que ce qu’on y censure.
Là les plaisirs en foule abordent tous les jours,
Ils en ont déserté les plus superbes cours :
Rome à peine retient quelques scènes comiques ;
L’Empire se retranche à des fêtes bachiques ;
Et le Tage orgueilleux, qui fut si triomphant,
Voit son prince réduit à des jouets d’enfant.
La chasse, les festins, les jeux, les ris, la danse,
Comme au centre attirés, y suivent l’abondance ;
Les Sens en font l’essai, l’Esprit en fait le choix,
Et la Vertu banit ceux qui choquent ses loix.
On comteroit plustôt les brillantes étoiles,
Ces fleurs d’or, dont la nuit sème ses riches voiles,
D’un cœur tendre et jaloux les soins et les désirs,
Que le nombre infini de ces nouveaux plaisirs.

Ces vers harmonieux ne nous font pas seulement l’effet d’une musique gracieuse : l’idée qui les soutient chatouille agréablement l’amour-propre national.

Les dernières années de Jean de Montigny durent lui laisser peu de loisir pour la poésie. Cependant M. Kerviler a retrouvé, dans les manuscrits de Con-