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NICOLAS DADIER

tenue à l’épisode que Dadier a le plus amoureusement décrit, la Nativité de Jésus ; à force de candeur et de grâces, le carme breton n’a pas fléchi sous un tel sujet. Voici d’abord, dans la nuit inhospitalière, Marie et Joseph en quête d’un logement :

Jà dedans le forbourg il estoit parvenu,
Et le peuple infini de tous costez venu
Combloit toute la ville, et les hostelleries
Estoient d’hostes nouveaux espaissement remplies :
Si que tous les logis d’un bruit estourdissant
Et d’un confus murmure alloient retentissant…
Le peuple, à grands monceaux, durant la nuict obscure,
Soubs les porches ouverts se couchoit sur la dure,
Et le vague[1] estranger ne trouvoit plus de lieu
Pour se mettre à couvert…

Repoussés de porte en porte, ils se réfugient sous un pauvre hangar ; Joseph accommode le gîte de son mieux.

Puis de dessus le dos de l’asne paresseux
Promptement il apporte un souper disetteux,
Un vase, un peu de pain, des figues savoureuses,
Des noix, des raisins secs, des gousses doucereuses,
Quelque peu de fourmage, et quelque peu de fruict.

Bientôt le patriarche se couche,

Se couvre d’un drap chaud, s’endort profondément,
Et la grotte mugit de son haut ronflement.

Cependant Marie a enfanté (j’omets à regret tout un

  1. Du latin vagus, errant.