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DU BOIS-HUS

livre de Du Bois-Hus, après avoir cité ce vers tout cornélien, qui est un souvenir et une espérance :

La cause de la France est la cause des Cieux ;

je le laisserais entraîner Louis à de nouvelles et chimériques victoires, si je ne tenais à le montrer reprenant sa musette bretonne, descendu de ces hauteurs où sa vive imagination l’a transporté, et demandant au roi, avec une bonhomie pleine de charme, quelque faveur pour son premier ouvrage :

Chérissez les essais d’une plume naissante,
Quoique muse champestre elle est assez charmante,
Et n’entend pas si mal la langue de la cour ;
On souffre à Sainct-Germain le thym avec les roses,
Ses eaux, mères des belles choses,
Y nourrissent les lys sans bannir le cresson ;
Et si mes premiers vers ne sont pas des plus dignes,
Souvent on se plaist moins à la voix des vieux cignes,
Qu’aux airs d’un rossignol qui fait vivre un buisson.

Ce tour aisé, presque enjoué, rappelle Horace et fait penser à La Fontaine ; mais, à la cour, notre chanteur aura vite perdu ses qualités natives, s’il ne s’est pénétré du sage précepte de Quintilien : Musa illa pastorales non forum modo, verum etiam urbem reformidat.

J’ai fait bien des citations de Du Bois-Hus ; c’est encore par une citation que je terminerai cette étude. D’une touche légère et fine, avec une aimable candeur, le poète a porté ce jugement sur lui-même : « Si ma plume n’a pas toute la justesse qu’on apprend