Page:Halgan - Anthologie des poetes bretons du 17e.djvu/170

Cette page a été validée par deux contributeurs.
154
DU BOIS-HUS

Répétant les beaux cris de France et de Montjoye,
Font hommage à leur mode au Dieu de l’Occident.

En même temps qu’il promène un regard sur l’Ilion d’Homère, vers ces champs ubi Troja fuit, Du Bois-Hus n’a-t-il pas ici comme un ressouvenir et une ambition nouvelle de ces merveilleuses aventures, de ces Croisades, où l’héroïsme chrétien et français fit ses premières armes ? La même ardeur généreuse perce dans cet imaginaire récit de la prise de Constantinople :

Ce cœur, aussi noble que grand,
Va menacer Stamboul, il campe, il l’environne,
Il canonne ses murs, il la foudroie, il tonne,
Il renverse, il ruine, il l’emporte, il la prend,
Il arbore la croix et les drappeaux de France
Sur les bastions de Bysance ;
Il fait mordre la terre à ce donjon d’orgueil ;
La mer ne roule plus que des ondes sanglantes,
La terre n’a plus rien que des maisons fumantes,
Et cette grande ville est son propre cercueil.

Osons l’avouer, ce morceau est d’un vrai poète ; l’accent y est tout moderne et national, sans aucun mélange de fatras mythologique ; notre littérature du XVIIe siècle, qui s’en tenait aux exploits des Alaric et des Childebrand, et ne concevait pas le passage du Rhin sans accompagnement des divinités de la fable, offre peu de strophes héroïques d’un souffle aussi soutenu ; rien ne manque à cette poésie guerrière, ni la foi, ni la fougue, ni même le cliquetis des mots qui semble un cliquetis d’armes. Je fermerais ici le