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DU BOIS-HUS

Y a-t-il donc si loin de ces beaux vers, de ces fiers accents, à la mâle poésie des Malherbe et des Corneille ? Et ce qui double leur prix, c’est qu’au lieu de nous peindre quelque prouesse antique ou légendaire, ils sont taillés en pleine histoire, en pleine gloire française :

Je le voy couronné d’éclairs,
Tel qu’est le foudre dans les airs,
Paroistre au sommet des Sévènes…

Je le voy voler à Cazal,
Sur les mesmes pas qu’Annibal
Nous a tracez par ses batailles ;
Les Alpes sont à nous, cent ramparts sont forcez,
Sur ces vastes murailles
Qui couvrent l’Italie et bornent nos fossez.

Du haut de ces monts sourcilleux,
Il lance sur ces orgueilleux
Les François, ces foudres de guerre ;
La Savoye est en peine, et son duc espagnol
Expose à son tonnerre
Suze et Montmélian, Veillane et Pignerol.

La poésie du XVIIe siècle était une déesse altière, qui ne quittait pas volontiers l’Olympe pour un champ de bataille ; il faut savoir gré au poète breton de lui avoir mis le casque au front et la lance en main. Les vers que j’ai cités évitent le double écueil d’être une gazette rimée ou une amplification mythologique ; le souffle qui les soutient, vraiment poétique et national, les fait comparables à l’ode de