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DU BOIS-HUS

On sent déjà le charme naïf de cette poésie. Un peu de préciosité ne messied pas dans l’apostrophe suivante aux fleurs, dont le vif coloris ne peut lutter contre le teint du divin bambino :

Petites nymphes des jardins,
Quittez vos nœuds incarnadins,
Vos bas verds et vos juppes jaunes ;
Mourez, jeunes beautez, mettez bas vostre orgueil ;
Tulippes et péaunes,
Quittez vostre escarlatte, habillez-vous de dueil.

Au point de vue historique, les vers suivants, qui veulent montrer l’ancienneté du culte de Jésus dans les Gaules, ne manquent pas d’intérêt :

Devant que Sion eust jamais
Receu du Ciel ce Dieu de paix,
Devant qu’il fust le Dieu de Rome,
Nos Druides desia vivoient selon sa loy,
Et devant qu’il fust homme,
Nos ancestres jadis en avaient fait leur roy.

Devant que Jésus vint des Cieux,
Les oracles de nos ayeux
Nous avaient annoncé sa gloire ;
Il est venu du Ciel plus tard que de leur main,
Et le Rhosne et le Loire
L’on plustot adoré que n’a fait le Jourdain.

J’en dis autant de ce souvenir, encore tout vibrant, des Croisades :

Les Turcs sur leurs propres ramparts,
Percez à jour de toutes parts,