Page:Halgan - Anthologie des poetes bretons du 17e.djvu/130

Cette page a été validée par deux contributeurs.
114
RENÉ GENTILHOMME

ducale qui ornaient la toiture : nouvelle vaticination. René récite, quitte à se faire mal venir de son patron, un poème où se trouvent ces vers :

Là, le foudre frappant la couronne royale,
Sans briser ni brusler la couronne ducale,
À mon esprit de feu fait voir très clairement,
MONSIEVR, que vous serez un grand duc seulement ;
Qu’en jouant vous perdrez un royal héritage.
Contre cent mille escus cent mille vers je gage,
Et veux bien qu’Astaroth par le col soit pendu,
Si je n’ai moins gaigné que vous n’avez perdu.

Là-dessus, notre poète prophétisant se fait graver un portrait par Dupré, orné d’épigraphes en vers latins par le professeur de philosophie L. Scotus, en vers français de Jehan de Meschinot. Colin, un docteur en droit canon, y ajoute ce distique, où il joue sur le nom patronymique de Gentilhomme :

Hic regum vatem spectas, natumque Tonantis.
Quis vatem simili nobilitate dabit ?

Une pléiade de poétereaux bretons lui envoient des brevets d’immortalité. L’un d’eux lui dit, après avoir parlé de la sibylle de Cumes :

Illa deum cecinit, regem prædixit et ille.

Un autre, jouant toujours sur son nom, l’appelle Nobilis Armoricus ; un troisième enfin lui envoie un sonnet en latin, le premier que j’aie rencontré.

La prédiction se trouva vraie et ne fut pas faite après coup, car le portrait de R. de l’Espine est authentiquement daté de 1637. Cette prophétie n’était