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ALEXANDRE DE RIVIÈRE

Hé ! qui es-tu, chetif, petite fange infaite[1],
Pour blasonner Moyse et le Royal Prophéte ?…
Tu montres le chemin à la postérité
D’impugner, ô malheur ! la sainte vérité,
Et les divins arrests comme toy contredire,
Pour chacun à son gré leur faire un nez de cire…

Les arguments de Gamon font rire de pitié ; conçoit-on une habitation somptueuse — comme l’est, au plus haut degré, le ciel, — sans eaux vives, sans fontaines !

Quoy, si nôtre grand Roy te recevoit en joye,
Soit à Fontainebleau ou Saint-Germain-en-Laye,
Te montrast ses trésors, puis ses larges pourpris,
Ses beaux compartimens et parterres fleuris,
Ses grans parcs, ses jardins et leurs belles allees
De scieure de marbre ou d’albâtre sablees,
Ses chambres, cabinets, antichambres et lieux
Où luisent l’or, l’agathe et l’ophite à qui mieux,
De là ses beaux viviers et ses fontaines rares,
Où les Nymphes jouant font cent mille fanfares
De musique d’oyseaux, d’orgues et de hauts-bois,
Qui l’âme des oyans ravissent de leurs voix,
Dirois-tu sagement le Roy n’estre pas sage
L’element crystallin prenant à son usage,
Et ses jardins ornant de musicales eaux ?…

J’ai cité tout au long ce joli passage sur les résidences royales, Fontainebleau, adopté par les Valois pour y passer l’automne, Saint-Germain, mis à la mode par Henri IV ; en écrivant ce qui suit, notre poète avait en vue Paris traversé par la Seine, déjà

  1. Infait, ancienne forme, pour infect (inficere).