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plus, et ce, pour récompense De l’avoir mis à couvert des sergens. (La Font., Contes, V, 7, 229.)

E. avec une préposition, dans des tournures dont quelques-unes sont courantes encore aujourd’hui dans la langue familière.

Ex. : Le plaisir est dû comme il est fait ; et pour ce il ne faut pas faire le nonchalant quand on donne quelque chose. (Malh., II, 3.) — Pour ce, vous plaise ordonner promptement, etc. (La Font., Ball., V, 31.) — Pour ce, s’avise un jour de confrérie, De se vêtir en prêtre. (Id., Contes, I, 4, 20.) — Étant à ce porté par esprit de chicane. (Rac., Plaid., II, 4, 399.) — De ce non content. (Ibid., II, 4, 422.) — Ce néanmoins, Madame, bon droit a besoin d’aide. (Mol., Comt. d’Esc., sc. 5.)

On ne rencontre que chez Scarron l’emploi ancien de ce dans une proposition participiale absolue. Ex. : Ce considéré, Monseigneur, Tirez-moi d’un si grand malheur. (Scarr., Virg., VI.) — Palsgrave admet ce quand il sert de sujet au verbe être, tandis que, dans les autres cas, il exige l’emploi de ceci et de cela (p. 356 et 357). Vaugelas, (I, 418) condamne ce quand on cite les paroles de quelqu’un dans la langue écrite. Th. Corneille et l’Académie en blâment aussi l’usage dans la langue parlée. Tout en reconnaissant que les locutions à ce faire et en ce faisant étaient usitées chez les meilleurs auteurs d’une période antérieure, ils les admettent seulement pour la langue de pratique. Ils déclarent que pour ce a vieilli et condamnent outre ce. À en croire Malherbe, ce disant serait une expression du Palais (IV, 406 ; C. D. Im. de l’Ar. Mort de Rod.). Quant à cela dit, il a survécu malgré l’opposition de Vaugelas (II, 299).

§ 19. Dans l’ancienne langue ainsi que chez les auteurs du xvie siècle, ce, sujet d’une phrase, est souvent omis. Cette omission, rare au xviie siècle, se rencontre cependant :

A. devant me semble, exceptionnellement.

Ex. : Nous ne nous sommes vus depuis quatre ans ensemble, Ni, qui plus est, écrit l’un à l’autre, me semble. (Mol., Éc. d. f., I, 4, 264.) — J’ai jeté l’as de cœur, avec raison, me semble. (Id., Les Fâch., II, 2, 327.) — Ce billet que sa main, me semble, a su tracer. (La Font., Ragotin, III, 4, 655.)

B. devant le verbe être construit avec un substantif attribut, et où sa présence indiquerait un rapport avec ce qui précède.