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d’un mien pré certain ânon passa. (Rac., Plaid., I, 7, 202.) — J’attends même encore un mien parent gascon. (Regn., Le Bal, sc. 4.)

F. Il est employé au vocatif.

Ex. : Il dit : Ô camarades nôtres [rime avec : D’avoir crié comme les autres.] (Scarron, Virg., V.)

Le mien désir, les miennes pensées sont, d’après Palsgrave (p. 347), des expressions tout à fait courantes. Vaugelas défend la tournure : à la mienne volonté (II, 452), tout en reconnaissant que cette construction est contraire à la grammaire. En même temps il condamne un mien ami (II, 64) comme n’étant pas du bon style. Th. Corneille et l’Académie sont de son avis. La grammaire de Port-Royal (2e partie, ch. VIII, 4) et Ménage (I, p. 96) déclarent que cette construction a vieilli. Balzac la blâme dans une de ses lettres (IX, 61).

Remarque. On rencontre de tous temps, et encore aujourd’hui, jusque dans le style élevé, le pronom possessif tonique servant d’attribut aux verbes être, devenir et faire[1]. Cf. Vos contentemens sont miens. (Balz., VI, 39.) — Cette faveur est sienne. (Corn., Pol., II, 1, 401.) — Monsieur, je suis tout vôtre. (Mol., L’Ét., I, 4, 132.) — Palsgrave (p. 346) et Garnier exigent que le pronom possessif tonique, attribut du verbe être, soit remplacé par le pronom personnel avec la préposition à. (Je suis tout vôtre : je suis tout à vous.) Cette construction est, en effet, devenue plus usuelle depuis lors.

III. Pronom démonstratif.

§ 18. L’emploi du pronom ce, neutre unique de l’ancien français, est au xvie siècle considérablement restreint par l’apparition du pronom composé cela et ceci, bien que tous les auteurs de ce siècle se servent encore de ce dans son ancienne acception (c’est-à-dire dans le sens du cela moderne).

On ne rencontre guère que des traces de cet ancien usage au xviie siècle. Le pronom ce s’emploie :

A. comme sujet dans la vieille expression ce vient, courante encore aujourd’hui dans le langage du peuple.

  1. Être, devenir, faire sien.