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XXXIV


Ô mes vers, confidents aimés de ma pensée,
Vous en qui la moitié de moi-même est passée,
Seul et sentant le froid cruel qui m’envahit
Quand l’amitié m’oublie ou l’amour me trahit,
Je vous relis, feuillets dispersés que rassemble
Comme un triste lien ma jeunesse ; il me semble
Que vos strophes alors ont d’étranges douceurs
Et parlent à mon âme avec des voix de sœurs.
Vous me montrez dans leur demi-teinte pâlie,
Avec leur charme vague et leur mélancolie,
Les bonheurs entrevus, les avenirs rêvés,
Romans que j’ébauchais et que vous achevez.
Je revois, conservant sa première auréole,
Celle de qui mon cœur avait fait son idole,