Page:Höffding - Histoire de la philosophie moderne.djvu/86

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par suite tout le système du monde, sont entourées par le « premier ciel », la sphère des étoiles fixes, qui est mue directement par la divinité en personne, alors que des principes ou esprits subordonnés guident les mouvements des sphères inférieures. Ce qui est le plus haut est aussi ce qui enveloppe et qui limite. La partie supérieure ou extrême du monde en est aussi la plus parfaite12.

Le tableau du monde d’Aristote offrait un cadre qui apparemment concordait non seulement avec l’enseignement de la perception des sens, mais qui pouvait encore recevoir les observations faites par les astronomes de l’antiquité postérieure. Sans doute, il se révéla, en tenant compte des mouvements de va-et-vient des planètes, qu’il fallait se figurer très compliqués les mouvements des sphères planétaires ; mais on y remédiait en supposant chaque planète en particulier attachée à plusieurs sphères à la fois, dont chacune avait son mouvement. Ou encore, on se figurait que les mouvements s’accomplissaient non pas dans des cercles simples, mais dans de petits cercles, appelés épicycles, dont les centres se mouvaient sur des cercles plus grands. Plus l’investigation progressait, plus ce système d’épicycles se compliquait. Ptolémée d’Alexandrie donna (au iie siècle après J.-C.) un exposé du système du monde qui pendant tout le Moyen Âge fit autorité en matière d’astronomie, de même qu’Aristote faisait loi dans le domaine philosophique.

Le système d’Aristote et de Ptolémée se plaçait, ainsi que la conception biblique du monde, au point de vue de la perception des sens, d’après lequel la terre est immobile, tandis que le soleil et les étoiles tournent ; il se prêtait très bien à une union avec les idées religieuses qui régnaient au Moyen Âge. Comme Aristote l’avait remarqué, ce système s’harmonisait aussi avec l’antique croyance qui faisait du ciel le siège de la divinité.

Cependant une différence essentielle se révéla entre la conception antique du monde et celle du Moyen Âge. Aristote plaçait bien la terre au centre du monde, mais il ne croyait nullement que tout au monde est fait pour la terre ou pour ses habitants. Bien au contraire, pour lui, la partie formant l’en-