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C’est lui qui remplit les espaces célestes, et c’est en lui que s’accomplit le mouvement circulaire perpétuel. Le mouvement circulaire peut seul être éternel, car il retourne toujours sur lui-même et va de chaque point du cercle vers chaque autre point. Dans la région sublunaire, tout mouvement s’arrête en un certain point, lorsque le corps a atteint son « lieu naturel ». Ici règne le mouvement rectiligne, qui va, ou bien du centre du monde vers l’extérieur et en haut, ou bien au centre du monde vers l’intérieur et en bas. Ce qui a son lieu naturel au centre du monde ou à proximité du centre est dit pesant ; ce qui a son lieu naturel en haut, près de la limite supérieure du monde sublunaire est dit léger. Les modifications constantes des régions terrestres viennent donc de ce que les éléments ne se trouvent pas toujours en leur lieu naturel. L’élément pesant, c’est la terre ; l’élément léger, c’est le feu ; entre eux deux sont l’eau et l’air. Le feu s’élève continuellement, et la pierre jetée en l’air retombe toujours. Chaque élément tend vers le lieu qui lui est assigné dans l’espace. Les quatre éléments peuvent passer réciproquement l’un dans l’autre ; mais ils ne peuvent se résoudre en parties plus simples, tandis que tous les corps sont composés de ces éléments.

Il ne peut y avoir qu’un seul monde. Si l’on supposait un instant qu’il y en a plusieurs, les éléments pesants finiraient toujours par se rassembler autour d’un seul centre et il n’y aurait plus alors qu’un seul monde. La terre est, ainsi que le montre la perception, au centre du monde ; lorsque nous nous dirigeons vers l’extérieur et en haut, nous traversons d’abord les trois autres couches sublunaires pour pénétrer ensuite dans la région éthérée, dont la matière est d’autant plus pure qu’elle est plus éloignée de la terre. Les corps célestes, en premier lieu la lune, le soleil et les autres planètes, puis les étoiles fixes, sont fixées dans des sphères solides, mais transparentes, qui tournent autour de leur axe. Aristote a emprunté cette croyance à l’astronome Eudoxe. Les anciens ne pouvaient se figurer que les corps célestes pussent être librement suspendus dans les espaces célestes. Toutes les sphères tournent autour d’un centre qui est la terre ; la lune, le soleil et les autres planètes ont chacun leur sphère ; toutes ces sphères, et