Page:Höffding - Histoire de la philosophie moderne.djvu/544

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

92. P. 520. Cf. outre la troisième lettre à Malesherbes, les Confessions XII (éd. Paris 1864, p. 608) : « Je ne trouve point de plus digne hommage à la divinité que cette admiration muette qu’excite la contemplation de ses œuvres et qui ne s’exprime point par des actes développés… Dans ma chambre je prie plus rarement et plus sèchement ; mais à l’aspect d’un beau paysage je me sens ému sans pouvoir dire de quoi. J’ai lu qu’un sage évêque dans la visite de son diocèse trouva une vieille femme qui, pour toute prière, ne savait dire que Ô ! il lui dit : Bonne mère, continuez de prier toujours ainsi ; votre prière vaut mieux que les nôtres. Cette meilleure prière est aussi la mienne. »

93. P. 522. Giercke l’a signalé dans sa monographie d’Althusius (p. 201). Rousseau ne nomme, autant que je me rappelle, Althusius qu’en un seul passage, non dans le Contrat social, mais dans les Lettres écrites de la montagne (6e lettre).

94. P. 523. Contrat social, III, 15. — Dans la plupart des éditions modernes une note est ajoutée à ce chapitre, qui renseigne sur le sort subi par l’article de Rousseau sur la Constitution fédérale. — Sur Alexandre Hamilton cf. mon traité : Hamilton og den nordamerikanske Unionsforfatning (Hamilton et la constitution des États-Unis de l’Amérique du Nord). Tilskueren 1889). Cf. quelques intéressantes observations sur ce point, chez John Morley : Rousseau, London, 1891, II, p. 166-168.

95. P. 524. On voit par le livre III, 8 que Rousseau avait parfaitement conscience du caractère abstrait et idéal dés idées du Contrat social. Il y explique en effet que toutes les formes de gouvernement ne sont pas propres à tous pays ; cela se voit également à un grand nombre de passages de ses lettres, ainsi qu’à la défense qu’il fait du Contrat social dans les Lettres écrites de la montagne. Cf. par exemple Lettre VI (éd. Amsterdam 1764, p. 219 : « Je ne sors pas de la thèse générale… Je ne suis pas le seul qui discutant par abstraction des questions de politique ait pu les traiter avec quelque hardiesse. »

P. 232 et 246. À vrai dire, Descartes donne le nom de substance pris dans son sens strict non au corps individuel, mais seulement à la matière en général. Cf. Synopsis Meditationum : Corpus quidem in genere sumptum esse substantiam, idque nunquam etiam perire ; sed corpus humanum… non nisi ex certa membrorum configuratione aliisque ejusmodi accidentibus esse conflatum ; mentem vero humanam non ita ex ullis accidentibus constare, sed puram esse substantiam. — Cela donne naissance, pour Descartes (et pour le spiritualisme en général), au grand problème suivant : comment l’hypothèse des substances pensantes individuelles s’accorde avec la théorie de la continuité de la matière. Ainsi que je l’ai montré dans ma Psychologie, toute hypothèse quelle qu’elle soit se trouve ici en face d’une difficulté, laquelle est du reste particulièrement grande pour l’hypothèse spiritualiste.

P. 287. Dans le De corpore XXV, 5 Hobbes se demande s’il est possible de retourner cette proposition, que la sensation provient d’une réaction provoquée par l’excitation, et de dire que tout ce qui réagit, sent : Scio fuisse philosophos quosdam (il pense probablement à Telesio et à Campanella) eosdemque viros doctos qui corpora omnia sensu prædita esse sustinuerunt ; nec video, si natura sensionis in reactione sola collocaretur, quo modo refutari possint. Sed etsi ex reactione etiam corporum aliorum phantasma aliquod nasceretur, illud tamen remoto objecto statim cessaret. Par la suite, il distingue entre phantasma et sensio, et cette dernière suppose le souvenir et la comparaison. — Ces remarques sont intéressantes à un double point de vue. — 1o Du principe de Hobbes que la conscience est mouvement et rien que mouvement, il découle nécessaire-