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47. P. 242. Sur la découverte faite par Harvey et son histoire antérieure, voir P. Hedenius : Om upptäcktan af blodomloppet (De la découverte de la circulation du sang) : (Upsala Universitets Årsskrift 1892). Descartes admettait que l’échauffement du sang dans le cœur avait pour effet de le refouler dans le corps ; il ne s’était donc pas approprié l’opinion de Harvey que le cœur est un muscle qui se contracte. — Harvey lui-même restait fidèle à l’ancienne théorie de l’échauffement du sang dans le cœur, mais il ne l’appliqua pas de cette façon.

48. P. 244. La localisation de l’âme dans la glande pinéale était une explication absolument arbitraire de la part de Descartes : elle fut critiquée par les anatomistes contemporains. Thomas Bartholin (Anatomia. Lugd. Batav. 1651, p. 356 et suiv.) objecte d’abord que les nerfs n’aboutissent pas à la glande pinéale, puisque celle-ci est si petite que les idées s’y confondraient, enfin qu’elle est placée à un endroit où s’entassent « les excréments du cerveau ! » Dans l’excellent exposé que Niels Steensen fit à Paris, et qui est reproduit dans l’Exposition anatomique de Winslöv (4e partie), celui-ci fait remarquer que, comme on ignore ce qui remplit les circonvolutions du cerveau, la théorie des esprits animaux peut être aussi bonne que la théorie des excréments du cerveau. Il objecte à Descartes, à la méthode générale duquel il attribue un grand mérite, que la glande pinéale n’est reliée à aucun canal et qu’elle n’est pas libre, mais en contact avec le reste du cerveau. — De nos jours on a cru pouvoir démontrer que la glande pinéale est la forme rudimentaire d’un organe ayant pour fonction d’éprouver la chaleur et qui se trouve dans des animaux inférieurs. — Sur le mérite de Descartes dans la physiologie des nerfs cf. Huxley : De l’hypothèse que les animaux sont des automates (Tidsskrift for populäre Fremstillinger af Naturvidenskaben (Revue pour la vulgarisation de la science de la nature, 1874).

49. P. 259. La négation d’un enchaînement nécessaire des phénomènes fait de Malebranche le prédécesseur de Hume. Peut-être même Hume prit-il des arguments pour sa théorie de la causalité chez Malebranche, qu’il a étudié avec ardeur (ainsi qu’on le voit par le Treatise I, 3, 14 ; 4, 5). Mario Novaro a établi dans son ouvrage Die Philosophie des Nicolaus Malebranche (Berlin 1893, p. 45-50) un parallèle instructif entre la théorie de la causalité de Malebranche et celle de Hume. — La philosophie de Geulincx offrirait aussi des parallèles avec celle de Hume ; mais Hume n’a guère dû la connaître.

50. P. 272. Vita Thomas Hobbes (Autore Rd. B. : Richard Blackbourne), 1681, p. 14 et suiv. — Dans sa Vita carmine expressa, p. 119, Hobbes décrit comment, après avoir longtemps médite sur la nature des choses, il finit par trouver qu’il n’y a dans le monde qu’une seule chose réelle (le mouvement), bien qu’elle soit « faussée » (sic) de bien des façons. — F. Tönnies, dont les énergiques investigations ont jeté dans ces derniers temps tant de lumière sur Hobbes et sa philosophie (voir ses : Anmerkungen über die Philosophie des Hobbes, Vierteljahrsschrift für wiss. Philos., III-V) a trouvé un manuscrit qui contient une dissertation de Hobbes. À en juger par le contenu, elle doit avoir été faite entre l’époque où il vit clairement l’importance de la méthode déductive et ensuite l’importance du mouvement, et l’époque où il comprit la subjectivité des qualités sensibles. Cette dissertation, intéressante au point de vue du développement historique du principe de la subjectivité des qualités sensibles, a été reproduite par Tönnies dans son édition des Elements of Law de Hobbes (Oxford 1888). — Hobbes prétend avoir été convaincu dès 1630 (c’est-à-dire avant de connaître Galilée) de la subjectivité des qualités sensibles,