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auteur moins connu, pour expliquer tous les sentiments supérieurs par l’association des sentiments inférieurs[1]. Toute pensée et tout sentiment, fût-il le plus idéal et le plus sublime, s’est, à l’entendre, développé de cette façon, et le pouvoir que notre volonté peut posséder sur les idées, les sentiments et les actions s’est également formé par association. Ces lois de l’association sont pour Hartley les lois suprêmes des lois naturelles de l’esprit. Hartley définit à la vérité l’association une liaison entre deux idées données simultanément ou dans une succession immédiate (Observations, London 1792, I, p. 66) ; mais il décrit également le phénomène que nous appelons maintenant association par ressemblance (I, p. 291 et suiv.). De même, il mentionne une coïncidence immédiate (coïncidence) des idées, qui apparaît dans la certitude intuitive, fondement de toute autre certitude. — Physiologiquement, à l’association correspond la liaison de plusieurs vibrations dans les molécules cérébrales, et ces mêmes vibrations une fois répétées s’unissent en une seule vibration. Hartley ne veut pas poser de théorie sur les rapports réciproques des idées et des vibrations ; elles sont étroitement liées dans leur source dernière ; mais il ne veut se ranger ni au spiritualisme, ni au matérialisme. — En vertu de la loi d’association, la vie psychique, selon Hartley, se développe graduellement des formes inférieures aux formes supérieures. C’est ainsi que se forment des idées complexes qui peuvent avoir une unité si complète, que l’on ne remarque plus les idées simples dont elles sont nées, de même qu’une matière composée peut posséder d’autres propriétés que ses éléments. De plus, des formes d’activité entreprises au début avec une conscience pleine et entière peuvent devenir, par la répétition, des formes inconscientes, ou, comme Hartley les appelle, des formes automatiques secondaires d’activité. Enfin l’intensité et la force, avec lesquelles se présentent certaines idées, peuvent passer par la suite à d’autres

  1. L’ouvrage de Hartley (Observations on man, his frame, his Duty and his expectations) parut en 1749. Hartley exerça la médecine et on le dépeint comme un caractère noble et humain (mort en 1757). Son importance pour l’histoire de la psychologie réside dans l’essai qu’il fit pour expliquer tous les phénomènes psychiques par l’association de sensations et d’idées tout à fait simples.