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toute action morale. Alors les deux chefs-d’œuvre de Smith offriraient à la vérité une contradiction absolument inconciliable.

Pour bien comprendre l’importance de Smith comme économiste, il faut se rappeler quelle oppression pesait sur la vie civile tout entière, même dans les pays les plus avancés. Il défend la cause des citoyens industrieux et économes contre les gouvernements ignorants, dissipateurs et arrogants ; il s’appuie sur cette expérience, que malgré les guerres et le gaspillage, l’Angleterre était parvenue à une plus grande prospérité par la bonne administration des particuliers et par les efforts incessants qu’ils firent pour améliorer leur propre situation. Il demande qu’on reconnaisse le travail des obscurs et des humbles qui produisent la somme principale de la force d’une nation. Et il est heureux de voir que les salaires aient monté pendant la période immédiatement précédente, car les ouvriers forment la plus grande partie de la société. — La conception de Smith est donc de nature éthico-sociale même dans son ouvrage d’Économie politique, bien qu’il attache plus d’importance à la production qu’à la répartition, et qu’il parte trop sûrement de cette idée, que les points de vue de l’économie privée peuvent se transporter purement et simplement à l’économie politique. Il a traité dans son cours sous le nom général de philosophie du droit, la justice, l’économie (police), les perceptions et les préparatifs de guerres (Lectures, p. 32). troisième et la quatrième partie du cours s’adaptent exactement.

b. Si nous nommons David Hartley parmi les successeurs de Hume, ce n’est pas parce qu’il a subi l’influence toute particulière de Hume, mais parce qu’il a fait voir sous un jour nouveau des questions dont celui-ci s’était occupé. Il déclare lui-même avoir subi les actions décisives de Newton et de Locke. Il était né en 1705 dans les environs d’York. Son étude fut d’abord la théologie, mais il l’abandonna, parce qu’il ne pouvait pas souscrire aux trente-neuf articles, et il se consacra alors à la médecine. De bonne heure il conçut le projet d’écrire un ouvrage dans lequel il voulait fondre ses idées religieuses, philosophiques et physiologiques. Il puisa l’idée principale de cet ouvrage dans l’essai fait par Gay,