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l’hypothèse dont part Hume, — hypothèse qui marque les limites de sa pensée. À plus forte raison pourrait-on trouver incompréhensible la différence qui existe entre les éléments de notre conscience : car comprendre, c’est unir, trouver une liaison !

c) Éthique.

La deuxième partie de l’ouvrage capital de Hume traite des sentiments. Elle a une grande importance pour l’histoire de la psychologie ; ici nous pouvons cependant la considérer comme introduction à l’Éthique, qui forme la troisième partie de l’ouvrage, que Hume publia plus tard (1751 ) sous une forme abrégée, sous le titre de Inquiry concerning the principles of morals. — Dans sa conception de la nature psychologique des sentiments, il a pour devancier Spinoza et il fut probablement influencé par lui. Son exposé est plus abondant et plus détaillé que celui de Spinoza. Tous deux appuient leur conception sur l’importance qu’ont les idées et leur union réciproque pour le développement des sentiments. Hume montre comment un sentiment se rattache à un autre sentiment au moyen de l’association des idées de leurs objets. Ses déclarations sont hésitantes relativement à la question de savoir s’il y a une association directe entre les sentiments. La plupart du temps il attribue bien en effet aux sentiments — ainsi qu’aux idées — une tendance à reproduire d’autres sentiments (II, 1, 4, cf. Dissertation of the passions dans les Essays) ; cependant en d’autres endroits (II, 2,8) il enseigne qu’il n’y a pas d’association des sentiments sans l’association des idées. Cette hésitation tient probablement a ce qu’il sait bien que le sentiment ne reste pas absolument passif dans ces processus ; Hume le voyait clairement, ainsi qu’il ressort de sa théorie de l’expansion, qui est d’une importance si grande pour sa théorie de la connaissance. — Comme psychologue, il exerça aussi une grande influence en soulignant fortement que le sentiment seul, et non la simple raison, peut créer des actes de volonté. Il attire l’attention sur ce point, que les sensations et les idées sont plus faciles à constater que les instincts et les tendances, quand ceux-ci ne se distinguent pas par leur violence. C’est pourquoi on néglige facilement les premiers germes de la